L'hypnose Ericksonienne ou nouvelle hypnose

 

En quelques années l’hypnose a connu un développement important. Sa diffusion en France s’est réalisée tous azimuts, une offre de formation importante et son exercice non réglementé (Quiconque peut s’attribuer le titre d’hypnothérapeute) entraînant une multiplicité de propositions thérapeutiques dans des contextes où la sécurité et le respect du patient ne sont pas toujours garantis. L’hypnose ne peut être considérée comme une simple « technique » et doit être envisagée dans le cadre global d’une prise en charge thérapeutique prenant en considération la singularité de la personne et la nature de ses difficultés.  Laisser supposer que quelques séances « d’une douce torpeur » vont régler des conflits profondément inscrits dans une histoire et une personnalité est au mieux un leurre et au pire une action contre productive. Il n’est donc pas dans la pratique de mon cabinet de répondre à des demandes initiales mentionnant spécifiquement l’hypnose (par exemple sevrage tabagique, anxiété, confiance en soi… ). Par contre, si dans le cours de l’accompagnement psychothérapique, une phase du travail peut relever de l’hypnose, je vous en ferai la proposition, en ciblant des objectifs  et en plaçant le focus sur les compétences à développer. Formé notamment par les thérapeutes américains Michaël Yapko et Julie Linden, je pratique une forme d’hypnose structurée, interrogeant les aspects de l’expérience qui pourraient bénéficier à la personne si elle s’y engage et ceux au contraire qui nécessitent son désengagement et une mise à distance.   

L’hypnose est un état "naturel". Parfois, sans même nous en apercevoir, nous entrons dans cet état hypnotique, quelques instants. Vous est-il déjà arrivé de vous trouver bien plus loin que vous ne l’imaginiez sur l’autoroute ?… Avez-vous déjà effectué une action, d'une manière tellement automatique, que vous ne savez plus si vous l'avez faite ou non ?… Voici des exemples d'états de transe hypnotique spontanée parfaitement naturels

Milton H. Erickson (1901-1980), psychiatre américain reconnu, a fait école dans le  monde entier grâce à sa   pratique originale de l'hypnose. Dyslexique, daltonien et handicapé, Erickson développe un extraordinaire sens de l'observation et découvre l'hypnose au cours de ses études de médecine. Ses travaux sur la modification des états de conscience et la communication hypnotique bouleversent les conceptions classiques. Pour Milton H. Erickson,  l'inconscient est avant tout un réservoir d'apprentissage et un lieu de ressources.

L’hypnose Ericksonienne est totalement différente de l'hypnose traditionnelle. L’hypnose traditionnelle est basée sur la suggestion, la personne, face à l’hypnotiseur, subissant des injonctions verbales, visuelles et corporelles. Pratiquée jusqu’à Freud, cette technique part du postulat suivant : si l’on suggère à un patient de guérir, il peut guérir, mais les effets de ces suggestions s’estompent en quelques semaines. Aujourd’hui encore, l’hypnose de spectacle, telle que peut par exemple la pratiquer l’artiste québécois Messmer, procède ainsi pour endormir une salle entière mais avec des sujets sélectionnés pour leur aptitude à répondre le mieux aux suggestions.

A la différence de l'hypnose traditionnelle, qui repose sur la suggestion et l'injonction, l'hypnose Ericksonienne "induit" un état de rêverie (un état modifié de conscience) qui permet d'accéder à un potentiel personnel plus vaste. Le langage hypnotique agit en profondeur, comme un stimulus, et court-circuite le mental habituellement mobilisé. Il est fait appel à la participation active du patient qui possède les ressources nécessaires pour répondre de manière innovante aux situations qu'il rencontre et effectuer ainsi une transformation intérieure positive. L'hypnose Ericksonienne est totalement respectueuse de l'intégralité du patient, elle est compatible avec ses propres valeurs : elle tient compte de l'écologie du sujet.

Mais comment se déroule une séance d’hypnose ?  La séance est individuelle, répondant à des objectifs thérapeutiques. Sa durée n’excède pas trente minutes. Le patient, soutenu par les paroles du praticien, accède à un état de légère modification de sa conscience. Il n’est pas « endormi », garde un certain niveau de vigilance, peut à tout moment interrompre le processus.

A l’aide d’une respiration profonde et d’une prise de conscience corporelle, le patient installe un relâchement musculaire. Ce relâchement s’accompagne d’une relaxation de l’esprit, au moyen d’une invitation à se focaliser sur un souvenir positif. Ensuite intervient la phase thérapeutique : par le biais d'un conte ou d'un récit imagé, le thérapeute propose de contacter les ressources, de passer en revue les compétences, d’expérimenter ces nouvelles compétences dans le quotidien, ou, au contraire de mettre à distance certains contenus mentaux ou événements. Pour les personnes présentant certaines formes d’état dépressif, l’hypnose peut être associée également à des éléments de thérapie cognitive. 

 

SE DOCUMENTER:

 

Ouvrage : "L'Hypnose qui soigne" du Dr Jean-Marc BENHAIEM

 

Broché: 341 pages

Editeur : Josette Lyon; Édition : 2e édition (27 septembre 2010)